Le "Reichskanarienvogel" et autres caricatures de l'Assemblée nationale désormais à la Maison de l'histoire de la ville
25.08.2021
Jürgen Eichenauer, directeur de la Maison de l'histoire de la ville, a pu acquérir sur le marché de l'art dix lithographies rares qui ont été publiées par des maisons d'édition d'Offenbach et de Francfort en 1848, à l'époque du premier parlement allemand dans la Paulskirche de Francfort. Ces feuilles présentent des caricatures perspicaces, accompagnées de texte, sur les hommes politiques et les événements de l'Assemblée nationale allemande. Elles étaient vendues dans les environs de l'église Saint-Paul de Francfort afin de commenter et de soutenir au jour le jour le mouvement démocratique de l'époque. L'art de la lithographie, introduit commercialement pour la première fois en 1800 à Offenbach sur le Main, était un moyen approprié pour illustrer les discours parlementaires et les événements révolutionnaires pour le public.
La révolution de 1848 a commencé comme un mouvement citoyen, s'est déplacée en mai 1848 au Parlement de Francfort et a tenté de fonder un État national unifié. Ce projet ayant été mis en échec par les princes allemands au printemps 1849, une période de désillusion politique a commencé. La liberté de la presse, à laquelle on doit ces caricatures, prit brutalement fin. Le maire, Dr. Felix Schwenke, a des mots réfléchis à ce sujet : "Ces caricatures nous rappellent à quel point la démocratie peut être fragile si nous ne nous engageons pas tous chaque jour pour son existence. Nous avons aujourd'hui l'obligation de poursuivre le travail des démocrates de 1848, qui ont alors été vaincus par l'absence de liberté".
Avant et après la révolution, la liberté de la presse n'existait pas en Allemagne. Les artistes de Francfort et d'Offenbach avaient saisi l'opportunité offerte, de courte durée, mais restaient généralement anonymes par prudence. Parmi les feuilles acquises, seul le dessinateur Alfons von Boddien a signé de son nom, lui qui, originaire du Mecklembourg, était lui-même membre de l'Assemblée nationale. Il a par exemple immortalisé le député Gustav Adolf Rösler von Oels en tant que "canari impérial" chez la maison d'édition Eduard Gustav May à Francfort-sur-le-Main. Le slogan tout à fait actuel "Singen wenig, sprach viel, und lebt von Diäten" (Chante peu, parle beaucoup et vit de régimes) est joint à la feuille sous forme d'écriture. Cette caricature se distingue en outre par son magnifique coloriage historique, encore réalisé à la main.
La maison d'édition d'Offenbach de Salomon Stern, quant à elle, a pris pour cible le ministre des Affaires étrangères démissionnaire Johann Gustav Heckscher, qui tente, sous la forme d'un chat, de sauter sur le pupitre, sur lequel un autre député défend déjà sa place en chien féroce. Les autres feuilles présentent également des images significatives de la vie parlementaire de l'époque.
